Marcel Dhanys. Le vœu de Phanette

2.00 €

Ajouter au panier

Bonjour,

Format : PDF – EPUB – KPF


Le vœu de Phanette, un Roman de Marcel Dhanys

I

La Marquise douairière de Listenois au Comte de Cahuzac, en son château de l’Isle, près Poitiers.

Au Tourillon, ce 2 mars 1772.
Sommes-nous bêtes, vieil ami ! N’avons-nous pas, vous, quelque part au couvent une petite-nièce, moi, le diable sait où à travers le monde, le vaste monde, un coquin de neveu ? Si nous les mariions, que vous en semble ?
Voilà ce que c’est, vieil ami, de m’avoir écrit sur votre solitude une lettre qui m’a bien tiré quatre larmes de l’œil, à mon âge ! si ce n’est pas le comble du ridicule !
Eh ! oui, je ne vais pas là contre ; réunies, les tristesses de nos solitudes ne ressembleraient pas mal à du bonheur ; mais vous savez bien que la mort du marquis m’a libérée si tard qu’il n’était plus temps pour moi de faire l’apprentissage du bonheur. Donc, plus rien à espérer pour nous ; mais la vie commence pour d’autres, si nous essayions de donner à leur jeunesse un peu des joies qu’a ignorées la nôtre ?
C’est pour n’avoir point pu vous pencher avec moi sur le berceau d’un petit enfant que vous n’avez pas voulu de berceau dans votre maison solitaire. Moi, vous savez que j’exécrais de trop bon cœur le marquis pour avoir envie de le voir revivre en la personne d’un héritier de son nom et peut-être de ses vices.
Pourtant, depuis que la vieillesse est venue, je me dis que j’ai peut-être bien sottement gaspillé ma vie : Si peu que rien (et grâce à Dieu !) de mari, pas d’amant, car vous savez que j’eus ce ridicule de garder au marquis une fidélité dont il se souciait assez peu, et cela uniquement par respect pour la devise de ma maison : Tout droit ! pas d’enfant, rien alors, pas ça ! de sentiment à se mettre sous la dent !... si pourtant, mon coquin de neveu. Mais un neveu c’est si peu à une tante ! et le gaillard fut si peu à quelqu’un, même du vivant de ses parents : une ardeur, une flamme, un tumulte de vie incroyable. Ah ! le voilà ! enfin ! Frrrout... demain il est à tous les diables, en train de casser la tête aux ennemis du roi, à moins qu’il ne soit à Paris dans les coulisses de l’Opéra à faire les cinq cent mille folies pour le joli minois de la Corisandre. Enfin, pour parler à la vieille mode de votre ami, le maréchal de Brissac « onques ne se vit plus adorable mauvais sujet ».
Croyez-vous pas que votre petite nièce en raffolera ? Marions donc ces enfants sans tarder. Pour moi, je m’étonnerai bien s’ils ne nous font, sous peu, présent d’un gros garçon que nous aimerons bien, vous, parce qu’il sera un tout petit peu de moi, moi, parce qu’il sera un tout petit peu de vous. C’est dit, n’est-ce pas ? j’écris à mon neveu et vais m’occuper du berceau.
N’est-ce pas, vieil ami, que cela vous ragaillardit, la pensée de ce berceau que nous allons avoir un peu à nous deux ?

II

Le Chanoinesse Irène de Bestein à mademoiselle Simonne de Tourzel, en l’Abbaye de Panthémont.

Remiremont, ce 4 mars.
Ma chère nièce,
Je viens vous faire part d’une nouvelle qui, je l’espère, vous comblera de joie. Sa Majesté a bien voulu m’octroyer la grâce de vous recevoir en notre Chapitre de Remiremont en qualité de dame nièce. Voilà donc votre avenir fixé au mieux de mes désirs et de vos intérêts, tant spirituels que temporels.
Je suis assurée que vous sentirez vivement la grâce que vous fait le Roi en vous admettant dans notre Chapitre qui a pour destination de recevoir le sang le plus pur des maisons souveraines, les noms les plus illustres du monde chrétien.
Votre jeunesse et votre inexpérience trouveront près de moi un sûr asile contre les dangers du monde. Ces dangers me paraissent particulièrement redoutables pour vous qui avez reçu en partage la funeste beauté de votre feue mère…

Le plaisir de lire avec La Petite Librairie

Serge
 

Le produit a bien été ajouté à votre panier !

En naviguant sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer une navigation optimale et nous permettre de réaliser des statistiques de visites.OK