John Cleland

John Cleland est un écrivain anglais né à Londres en 1709, connu essentiellement pour avoir écrit l’un des romans les plus célèbres (et les plus controversés) de la littérature érotique : Fanny Hill, or Memoirs of a Woman of Pleasure, publié en 1748–1749. Homme cultivé, mais discret, Cleland reste une figure énigmatique, à la biographie partiellement obscure.

Issu d’une famille de la petite aristocratie anglaise, Cleland reçoit une éducation soignée, probablement au Westminster School, institution de renom. Il entre ensuite au service de la Compagnie britannique des Indes orientales et séjourne plusieurs années à Bombay (Mumbai), où il exerce divers emplois administratifs et commerciaux. Ce séjour colonial lui inspire plus tard certaines de ses réflexions sur la société et la morale, mais il rentre à Londres dans les années 1740 dans une situation précaire.

En 1748, alors qu’il est emprisonné pour dettes à la Fleet Prison, il rédige ou termine Fanny Hill un roman audacieux qui raconte, à la première personne, l’initiation sexuelle et les aventures libertines d’une jeune prostituée anglaise du XVIIIe siècle. L’ouvrage, rédigé dans un style littéraire élégant et raffiné, mêle descriptions érotiques explicites et satire sociale, dans une langue étonnamment maîtrisée pour un texte licencieux. Il se distingue par l’absence totale de vulgarité brute, ce qui lui confère un statut littéraire unique dans le genre.

Dès sa publication, Fanny Hill est immédiatement condamné pour obscénité par les autorités anglaises. Cleland est brièvement arrêté, et les éditeurs poursuivis. Cependant, l’ouvrage, diffusé clandestinement dans toute l’Europe, acquiert rapidement une immense notoriété. Il est interdit dans plusieurs pays, mais reste lu, commenté, critiqué et imité.

Par la suite, Cleland publie quelques autres ouvrages, dont des romans moins connus (Memoirs of a Coxcomb, 1751), des essais, des pièces et des pamphlets, mais il ne parvient jamais à retrouver le succès sulfureux de Fanny Hill. Il vit modestement jusqu’à sa mort, en 1789, dans une relative obscurité littéraire, même si son nom demeure attaché au destin exceptionnel de son roman unique.

 Conclusion :

John Cleland est resté dans l’histoire littéraire comme l’auteur du tout premier roman érotique en langue anglaise, un livre qui a bouleversé les conventions morales de son époque tout en ouvrant une brèche dans le traitement de la sexualité en littérature. Avec Fanny Hill, il ne se contente pas de choquer : il offre une réflexion ironique et subtile sur les mœurs, l’hypocrisie sociale et la condition féminine, le tout servi par une langue étonnamment poétique et stylisée.

S’il n’a pas construit une œuvre vaste ni connu la reconnaissance de ses contemporains, Cleland a pourtant inscrit son nom dans la postérité par la force singulière d’un roman interdit, longtemps honni, mais aujourd’hui étudié comme un jalon majeur de la littérature érotique et du roman libertin au XVIIIe siècle. En cela, il demeure un auteur essentiel pour comprendre les tensions entre littérature, morale et liberté d’expression.

 

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